L'art d'agit-prop : révolution et idéologie au théâtre et au cinéma Hélène Beauchamp et Sylvain Dreyer (éd)
L’art d’agit-prop connaît un essor spectaculaire dans les années qui suivent la révolution bolchevique, au moment où l’État soviétique naissant entend mobiliser à son profit l’ensemble des moyens d’expression artistique – essentiellement le théâtre, le cinéma et les arts visuels. Ce modèle va donner lieu à de véritables « transferts culturels » en Europe et même outre-Atlantique dans les années 1920 et 1930, occasionnant à chaque fois des variations, des adaptations et des redéfinitions selon le contexte de réception. S’éloignant peu à peu de son origine soviétique au cours du temps, le spectacle d’agitation est revenu régulièrement dans l’histoire du théâtre et du cinéma occidental, en particulier dans les années 1960-1970 avec les formes militantes du théâtre et du cinéma d’intervention, qui jouent eux aussi de la porosité entre le réel et sa représentation, parfois selon une perspective critique. On peut enfin percevoir dans le champ de la scène contemporaine qui déploie une dramaturgie politique radicale ou revendique nettement une vocation d’agitation, des éléments qui font écho aux principes originels de l’agit-prop soviétique.