La belle époque de l’anarchisme argentinHélène Finet
L'histoire de l’anarchisme argentin est très mal connue. En réalité, entre 1870 et 1930, il est véritablement le plus prolifique et le plus original de toute la région latino-américaine, si l’on exclut l’exemple du Mexique où, avec les frères Flores Magón, on a plutôt affaire à un contexte révolutionnaire paysan. Sous-estimé par les historiens eu-ropéens, qui préfèrent généralement s’intéresser à la CNT espagnole, syndicat constitué en 1911. L’anarchisme en Argentine (né en 1870) échappe aux débats européens alors en cours sur le vieux continent. Sur le Río de la Pla-ta, les anarchistes ont avec les socialistes des liens de proximité contradictoires, occupant le même terrain et mul-tipliant avec eux les controverses endiablées. Ils passent, dans un premier temps, d’un fonctionnement fondé sur l’associationnisme, à une structure unique, la société de résistance, souvent mal comprise, mais dont la complé-tude politique va lui conférer une force considérable et la capacité de s’imposer comme organisation de lutte. Dès 1901, la création de la Fédération ouvrière argentine (FOA, devenue par la suite Fédération ouvrière régionale argentine) pose les bases d’un anarchisme organisé et structuré, qui en fait la première organisation de masse li-bertaire au monde en se distinguant nettement du syndicalisme.
Dans le texte que nous vous proposons, Hélène Finet, spécialiste des mouvements anarchistes latino-américains, présente la richesse de cette histoire qui, malgré les fragilités, les contextes politiques et sociaux régionaux et in-ternationaux, continue à susciter un écho dans la « socialité ouvrière et militante d’aujourd’hui ».
HELENE FINET est enseignante chercheuse en Histoire latino-américaine contemporaine à l’université de Pau et des pays de l’Adour, spécia-liste des femmes et de l’anarchisme argentin. Elle est aussi l’autrice de plusieurs ouvrages et articles sur les femmes anarchistes espagnoles et argentines.
Editions Ateliers de la création libertaire