Colloque "Désirs, attraits et peurs des frontières : les Amériques dans tous leurs états"

CONTACTS LABORATOIRE

Directrice : Hélène LAPLACE-CLAVERIE

helene.laplace-claverie @ univ-pau.fr   

 

Directrice adjointe : Emilie GUYARD

emilie.guyard @ univ-pau.fr

 

Secrétariat : 05.59.40.73.76

Muriel Guyonneau

 

Ingénieur d'études : 05.40.17.52.88

Anne-Claire Cauhapé (ac.cauhape @ univ-pau.fr)

             

Appui à la Politique de Recherche : 05.59.40.72.36

Marie-Manuelle Marcos (marie-manuelle.marcos @ univ-pau.fr)

 

 

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Laboratoire de recherche ALTER
Arts/Langages : Transitions & Relations - UR 7504
Collège Sciences Sociales et Humanités
Université de Pau et des Pays de l'Adour
Avenue du Doyen Poplawski
BP 1160
64013 Pau Cedex

Colloque "Désirs, attraits et peurs des frontières : les Amériques dans tous leurs états"Campus de Pau - Salle Chadefaud et Salle du Conseil Bât. Lettres

 

Le colloque est organisé dans une perspective comparative permettant d’étudier les circulations entre l’Europe et les Amériques, et entre les Amériques elles-mêmes, et ce dans différents domaines, qu’il s’agisse des sciences humaines et sociales ou des humanités

 

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Le Nouveau Monde fait l’objet depuis plus de cinq siècles de représentations diverses, alimentant toutes sortes d’imaginaires, au premier rang desquels figure celui de l’El Dorado. Ces représentations renseignent profondément sur les façons qu’ont (eues) les Européens, hier et aujourd’hui encore, d’appréhender ces continents qui relèvent souvent d’un ailleurs fantasmé, méconnu, un espace des possibles où l’histoire et la géographie semblent se conjuguer autrement. Les frontières qui résultent de ces différents processus sont non seulement terrestres, mais aussi maritimes et insulaires, voire aériennes. Cependant, si les frontières ont une réalité géographique (à interroger), elles sont d’abord des constructions politiques, des représentations symboliques. Dès lors, nous avons affaire à un concept qui renvoie à toutes ces limites qui sépareraient le réel de l’imaginaire, du fictionnel, et/ou du virtuel. D’une part, elles relèvent du désir et exercent un attrait indéniable sur les populations et, d’autre part, leur franchissement peut susciter la peur. Ce qui nous intéresse ici est donc tout autant une peur collective qu’une peur personnelle de la frontière. Alors que celle-ci peut souvent servir de point de repère/repaire rassurant, elle interroge finalement notre rapport à l’espace et au temps.

Entre deux rives ou deux pays, deux cultures, deux générations ou deux langues, mythologiques ou bibliques, entre enfer et paradis, entre le monde des vivants et le royaume des morts, la frontière occupe dès son origine un large territoire symbolique et investit l’imaginaire collectif au travers notamment d’une articulation de tropes discursifs, culturels et littéraires qui préfigurent une transformation. Ainsi la frontière peut se dérober, devenir impérieuse, ou incertaine. Le rôle emblématique de la frontière se traduit par un bond dans l’inconnu car traverser cette zone du no man’s land peut engendrer la peur du changement, donc de l’hésitation et de l’indécision. Entre le refus total et le désir irrésistible de franchissement, la palette des réactions passe par la tentation de transgression de la norme et la crainte physique. Politiquement, la frontière n’est pas figée mais se déplace au gré des pressions politiques et des circonstances de sa composition. Dans ce cadre, on peut par exemple étudier les problèmes posés par la défense de la souveraineté monétaire et ses représentations dans les espaces américains du XVIe siècle à nos jours. De la même façon, la situation relative à la pandémie mondiale actuelle amplifie – en les remodelant parfois – ces désirs, attraits et peurs des frontières dont le questionnement n’aura jamais été autant d’actualité, entre tentation du repli sur soi et désir de créer une communauté mondiale face à la crise sanitaire.

Constatons que ces situations intermédiaires témoignent bien souvent des tensions entre désir et peur. Par exemple, dans la littérature nord-américaine, le récit de voyage de personnages en quête d’un refuge ou d’un paradis sur terre épouse bien souvent la trajectoire d’une progression vers l’Ouest, voire le Sud-Ouest, et encore plus loin vers le Mexique, comme c’est le cas dans On the Road de Jack Kerouac, mais aussi, plus récemment, dans Outside Looking In de T. C. Boyle. Innombrables sont les road movies qui traitent de cette errance sur un mode parfois picaresque, où s’inscrit une tension entre hasard et nécessité, entre désir et peur de l’autre et/ou de l’ailleurs. Mais tout autant que leur ouverture, la fermeture des frontières elles-mêmes peut conduire à une régression, à un déplacement chaotique dans un labyrinthe, à un emprisonnement vain et circulaire que peuvent traduire les expressions « tourner en rond » ou « faire fausse route ». Cette errance, lorsqu’elle consiste à faire fausse route et à commettre des erreurs, peut mener au chaos, au désordre et à la violence, à un franchissement des frontières dans les domaines historique, politique et moral, ce qui est un égarement tragique. Cette traversée des frontières qui peuvent donc être à la fois géographiques, culturelles et morales – il suffit de penser aux excès de l’impérialisme et du colonialisme qui ont marqué l’histoire des Amériques ‒ peut faire sombrer dans les erreurs, pour ne pas dire dans la terreur, et constituer par conséquent une forme d’hubris. Du point de vue psychologique, l’intégrité psychique du moi se heurte à l’altérité infinie du monde extérieur. Traitée de plusieurs façons, cette zone-tampon, d’absorption, de friction, voire de répulsion, est invariablement associée à une intensité émotionnelle certaine, que l’on peut retrouver dans le cadre des migrations forcées ou choisies – immigrés clandestins, apatrides, réfugiés ‒, mais également d’un voyage touristique, voire initiatique.

Le thème de la migration forcée représente en effet l’un des problèmes les plus actuels du monde contemporain : selon le HCR (Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés), le monde est aux prises avec la pire crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale. Les rapports du HCR montrent également que « les conflits, les persécutions, la violence généralisée et les violations des droits de l’homme » figurent parmi les causes fondamentales des déplacements forcés actuels. Les Amériques sont particulièrement concernées par ce problème : comme en 2017, les États-Unis ont reçu en 2018 un nombre sans précédent de nouvelles demandes d’asile, et les pays d’origine sont bien souvent El Salvador, Guatemala, Venezuela, Honduras et Mexique. On peut aussi citer l’exemple de la migration qui a eu lieu après l’Ouragan Katrina et qui a touché une région déjà frappée par la pauvreté, poussant des milliers de personnes à rechercher des conditions de vie plus supportables ailleurs, au-delà des frontières de leur environnement habituel. Déplacés et/ou réfugiés peuvent néanmoins trouver leur voie grâce à l’histoire orale et être ainsi reconnus en tant que sujets politiques. La voix des réfugiés est plurielle et représente des expériences diverses. Le sexe, l’âge, la race, l’ethnie et la classe sociale font partie d’un éventail de questions culturelles qui contribuent à la pluralité des expériences des réfugiés. Cependant ces derniers constituent un cas particulier de la migration qui peut, le plus souvent, être liée au désir d’un dépaysement ponctuel ou définitif aux objectifs multiples. L’expérience de chacun est à la fois individuelle et collective, chaque sujet s’appuyant sur des répertoires et mémoires culturels collectifs.

Terme polysémique dont la connotation géographique est fortement marquée et que nous souhaitons dépasser ici, il ne faut pas occulter que la frontière peut servir avant tout d’outil heuristique et épistémologique, de concept permettant de fédérer des approches diverses et des terrains d’étude variés. Penser la frontière dans sa multiplicité et sa complexité nécessite des approches fondamentalement inter/transdisciplinaires où les disciplines convoquées – relevant ici des lettres, langues, sciences humaines et sociales – apprennent à dialoguer, à penser ensemble. Il conviendra donc d’approfondir cette problématique de la peur et du désir de la frontière ou des frontières dans différents champs disciplinaires, notamment par le truchement des représentations, qu’il s’agisse des cartographies, des discours historiques ou politiques, ou bien encore des fictions romanesques, cinématographiques, ou encore des jeux vidéo. Il sera également intéressant de se pencher sur les traductions linguistiques de la frontière dans les différentes langues, sur les liens multiples entre les mots et les lieux et, finalement, sur la dimension culturelle des frontières.

Le colloque aura lieu à l’université de Pau et des Pays de l’Adour. Les propositions de communication (300 mots), en français, pourront être envoyées avant le 15 juin 2020 à colloque.frontieres.ameriques @ univ-pau.fr.

 

Mots-clefs : Amériques – espaces – frontières – imaginaires et représentations – expériences – déplacements – échanges – circulations – traduction

 

Comité organisateur

Françoise Buisson, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour

Anne-Claire Cauhapé, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour

Olivier Caporossi, ITEM, Université de Pau et des Pays de l’Adour

Lionel Dupuy, TREE, Université de Pau et des Pays de l’Adour

Stéphanie Durrans, CLIMAS, Université Bordeaux Montaigne

Gisèle Sigal, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour

Simona Tobia, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour

 

Comité scientifique

Mickaël Augeron, CRHIA, Université de la Rochelle, histoire moderne et contemporaine

Françoise Buisson, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour, littérature des États-Unis

Olivier Caporossi, ITEM, Université de Pau et des Pays de l’Adour, histoire moderne

Anne-Claire Cauhapé, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour, danse et peinture aux États-Unis

Nathalie Cochoy, CAS, Université de Toulouse-Jean Jaurès, littérature des États-Unis

Nathalie Dessens, CAS, Université de Toulouse- Jean Jaurès, civilisation des États-Unis

Lionel Dupuy, TREE, Université de Pau et des Pays de l’Adour, géographie

Stéphanie Durrans, CLIMAS, Université de Bordeaux Montaigne, littérature des États-Unis

Nejma Kermele, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour, Amérique coloniale

Marie Carmen Macias, IHEAL-CREDA, Lycée International de Saint-Germain-en Laye, géopgraphie

Jean-Yves Puyo, TREE, Université de Pau et des Pays de l’Adour, géographie

Dardo Scavino, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour, philosophie et histoire culturelle d’Amérique latine

Arnaud Schmitt, CLIMAS, Université Bordeaux-Montaigne, littérature et philosophie des État-Unis

Gisèle Sigal, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour, littérature des États-Unis

Tracey Simpson, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour, littérature états-unienne du XXème siècle, phonétique et phonologie

Bertrand Van Ruymbeke, TransCrit, Université de Paris 8, civilisation des États-Unis

Simona Tobia, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour, civilisation des États-Unis

Eden Viana-Martin, ALTER, Université de Pau et des Pays de l’Adour, littérature française, dialogue France-Brésil

 

Pistes bibliographiques

 

Amilhat-Szary, Anne-Laure. Qu'est-ce qu'une frontière aujourd'hui ?, Paris : Presses Universitaires de France, 2015.

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Cohen, Gerard Daniel. In War’s Wake. Europe’s Displaced Persons in the Postwar Order. Oxford: Oxford University Press, 2012.

Côté, Jean.-François et Emmanuelle TREMBLAY, Le Nouveau récit des frontières dans les Amériques. Presses universitaires de Laval, 2005.

Côté, Jean.-François. « Littérature des frontières et frontières de la littérature : de quelques dépassements qui sont aussi des retours ». Recherches sociographiques, 44 (3), 2003, 499-523.

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________________.L’obsession des frontières. Paris : Editions Perrin, 2007.

________________. Fronts et Frontières. Un tour du monde géopolitique, Paris : Fayard, 1991 (1988).

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