Refaire un monde, repenser le commun: ouvrir le temps. La philosophie et la littérature contemporaine à l'épreuve du présentSalle du Conseil- Bâtiment Lettres
Le 22 oct. 2021
Cette journée d’étude s’inscrit dans le cadre du projet de coopération transfrontalière entre l’Université des Pays de l’Adour et l’Université de Saragosse : « Habiter le monde, refaire un monde. L’impératif éthique de la philosophie et de la littérature contemporaine ».
Il s’agit de la première rencontre scientifique qui réunira des chercheurs de nos deux universités autour de l’exploration des nouveaux enjeux éthiques et politiques de création mobilisés par la pensée et la création contemporaine dans leur rapport au monde et à l’agir. Que faudrait-il pour refaire un monde ? Qu’est-ce que le temps présent exige de nous ? Ces questions déjà présentes en filigrane dans la réflexion philosophique contemporaine - citons par exemple des ouvrages aussi différents que Commun (2014), de Dardot et Laval, L’impératif catégorique (2005), ou très récemment, La peau fragile du monde (2020) de J.L. Nancy, - s’imposent aujourd’hui avec une force nouvelle, où la question du présent est désormais inséparable de celle de son anéantissement et de son épuisement (« la misère, la destruction, l’égarement », écrivait Nancy en 2021), exigeant des femmes et des hommes de ce temps de façonner « un présent d’ouverture », et de poser à nouveaux frais la question nancéenne (et sans âge) du sens, et de la configuration de notre être-en-commun. « Comment ouvrir l’avenir ? avec quels instruments de fortune et à quelles fins ? », une question proprement éthique pour le philosophe de Paul Audi (où il s’agit bien de « répondre de l’humanité dans son humanité même », Curriculum, 2019), que nous envisagerons et déclinerons selon plusieurs perspectives (philosophique, économique, écologique, politique, littéraire), dans l’espoir de mettre au jour des modèles conceptuels nouveaux, et des récits (ou contre-récits) travaillant à faire advenir une ligne de fuite, une échappée possible.
Cette journée d’étude sera précédée, le jeudi 21 octobre après-midi à 17h30 de la présentation publique (en présence de l’auteur, des directeur.rices de la collection, et de nos éditrices bien aimées) du premier ouvrage de notre collection éditoriale Dissidences/Disidencias (Puppa-Un@ Editions): la traduction du livre Désir de multitude, du philosophe Juan Manuel Aragüés.
La collection Dissidences/Disidencias est le support éditorial du projet de coopération transfrontalière « Habiter le monde, refaire un monde, l’impératif éthique de la littérature et de la philosophie contemporaine », associant le département de philosophie de l’Université de Saragosse, et le département d’études hispaniques et hispano-américaines de l’Université de Pau. Nous y développons un important volet de « traduction-édition » d’ouvrages bilingues et/ou traduits de l’espagnol vers le français (et inversement), en collaboration avec les Puppa, Un@ Editions, et les Presses universitaires de Saragosse (PUZ).
Résumé de l’ouvrage : Comment développer une politique de la différence à vocation antagoniste et matérialiste ? Telle est la grande question qui traverse cet ouvrage. Une question qui, pour l’auteur, ne peut faire l’économie d’un questionnement ontologique, anthropologique et épistémologique. L'auteur revient ainsi sur l'histoire de l’idéalisme philosophique qui, depuis ses origines platoniciennes, s’est constamment employé à effacer les traces de la différence qui traverse le réel, et à ignorer, ou à étouffer, tout discours visant à appréhender le réel sous le prisme de l’immanence la plus radicale. Cependant, il existe une puissante tradition matérialiste, souterraine dans ses origines milésiennes, qui se développe particulièrement à partir des écrits de Spinoza, Marx et Nietzsche, ouvrant la voie à une importante ligne de réflexion sur la politique de la différence (Deleuze, Negri, le Comité Invisible). Une ligne de pensée qui permet d’interroger à nouveaux frais l’ancrage essentialiste de pans entiers de la pensée critique du XXème siècle, pour faire enfin de la différence le point de départ d’une politique matérialiste qui, comme l’écrivait Deleuze, « est capable de tout changer ».
L’auteur : Juan Manuel Aragüés (Saragosse, 1965) est professeur de philosophie à l’Université de Saragosse. Ses recherches sont axées, pour l’essentiel, sur la philosophie contemporaine, notamment sur sa portée et ses implications politiques. Il a publié des études monographiques sur Jean-Paul Sartre (Sartre en la encrucijada, 2004), Gilles Deleuze (Deleuze, 1998) et Karl Marx (El dispositivo Karl Marx, 2018, Marx, 2019), et plusieurs ouvrages consacrés à l’analyse de la société actuelle (De la vanguardia al cyborg, 2020 ; De idiotas a Koinotas, 2020 ; Ochenta sombras de Marx, Nietzsche y Freud, 2021).
Il a également traduit en espagnol Mallarmé de Sartre, et Les affects de la politique de F. Lordon, publié en 2019 aux PUZ. Il publie régulièrement des tribunes dans différents médias espagnols tels que Eldiario.es ou El Salto.
Ce projet transfrontalier bénéficie du soutien de Pyren E2S, du Fond commun Nouvelle aquitaine/Aragon, ainsi que du projet de recherche espagnol «Racionalidad económica, ecología política y globalización: hacia una nueva racionalidad cosmopolita» (PID2019-109252RB-I00).
Contact organisateurs-rice-s :
Corinne Ferrero (UPPA) corinne.ferrero @ univ-pau.fr (corinne.ferrero @ univ-pau.fr)
Juan Manuel Aragüés (UNIZAR) aragues @ unizar.es (aragues @ unizar.es)