Journée d'étude : "Les arts du roman grec des textes antiques à leur réception moderne et contemporaine"

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Journée d'étude : "Les arts du roman grec des textes antiques à leur réception moderne et contemporaine"UPPA, Salle du Conseil, bâtiment des Lettres

 

En 1640, le peintre Karel van Mander III réalise une série de dix tableaux retraçant les aventures de Théagène et Chariclée, à Kassel (Allemagne). Il n’est pas le premier, au XVIIe siècle, à composer un décor inspiré des Éthiopiques : peu auparavant, en 1635, Gérard von Honthorst a fait de même pour le plafond de la chambre royale du château de Kronborg, au Danemark, et en 1610, Ambroise Dubois lui aussi a décoré la chambre de la reine Marie de Médicis, au château de Fontainebleau, d’une série de panneaux qui illustrent le roman d’Héliodore. Van Mander se distingue de ses prédécesseurs en plusieurs domaines, mais l’on se contentera ici de noter qu’il est le seul à représenter deux passages singuliers du roman, ceux qui évoquent le tableau d’Andromède qui a présidé à la conception de Chariclée (IV, 8, 3 et 5) et qui achève le processus de sa reconnaissance par Hydaspe à la fin du récit (X, 15). Comme dans le roman, le tableau apparaît deux fois dans la série de tableaux, ce qui suggère que le peintre a bien saisi le rôle essentiel de cette œuvre d’art dans l’histoire de Chariclée et dans la conception du roman, selon ce que plusieurs études ont montréi.

"Karel van Mander III, Hydaspe et Persinna devant le tableau d’Andromède et Chariclée montre à Persinna et Hydaspe la marque au-dessus de son coude comme preuve de sa filiation, huiles sur toile, 1640, musée de Kassel (Allemagne)"

 

Le roman grec est reconnu comme une forme ouverte depuis longtemps déjà. En 1991, Massimo Fusillo montrait combien ce genre littéraire tardif incorporait en lui de nombreux autres genres qui l’avaient précédéii. Ces quarante dernières années ont confirmé le phénomène en étudiant ces liens que tissent les romanciers grecs avec d’autres formes littéraires ; l’historiographieiii, la rhétoriqueiv ou encore la poésiev ont bénéficié de travaux approfondis qui témoignent toujours et encore de la richesse du roman ancien et des dialogues qu’il entretient avec les littératures grecque et latine. Les études portant sur la réception du roman grec à l’époque moderne ont également mis en avant le dynamisme que la redécouverte des textes à la Renaissance impulse à la création littéraire à travers leurs traductions et leurs réécritures multiplesvi.

Pourtant la littérature n’est pas le seul « art » auquel les romanciers grecs se frottent : on connaît déjà la place fondamentale que les tableaux ou les statues peuvent occuper dans l’économie narrative et dans l’esthétique des romans sophistiques qui affectionnent particulièrement la figure de l’ekphrasisvii. Musique et danse apparaissent également, en particulier dans Daphnis et Chloé de Longus, roman qui, sur ces questions, a suscité plusieurs travaux récentsviii. Cet espace que le roman grec consacre aux arts est perçu et exploité à partir de la Renaissance, puisque les textes font l’objet d’adaptation sous forme de décors peints, comme ceux mentionnés plus haut ou ceux étudiés par Daniele Quarantaix, d’illustrations qui accompagnent les traductionsx, ou encore de balletxi.

Le présent appel souhaite contribuer à l’exploration des rapports que le roman grec cultive avec les autres formes d’expression artistique dans leur diversité, en convoquant les arts visuels, sonores et chorégraphiques. Il s’agira d’examiner les images et les fonctions des pratiques artistiques et des œuvres d’art au sein des romans grecs, comme signes d’un dialogue intergénérique et/ou interculturel, mais aussi comme discours sur le genre romanesque. La question du propos que les arts autres que littéraires peuvent tenir sur le roman grec permettra d’envisager le rôle que les mediums artistiques occupent dans la diffusion et l’interprétation des textes aux époques moderne et contemporaine ainsi que dans la construction du discours théorique sur le roman, en France et en Europe.

Les interventions porteront principalement sur le corpus des cinq romans grecs conservés dans leur intégralité – Chariton, Xénophon d’Éphèse, Longus, Achille Tatius et Héliodore – sans toutefois exclure des études sur les fragments de romans grecs, sur le roman latin (Apulée, Pétrone) ou sur la littérature de fiction de l’époque impériale en langue grecque (Lucien, Philostrate). Elles pourront aborder les textes aussi bien dans leur environnement antique et leur organisation interne propre que dans celui de leur réception à Byzance et aux époques moderne et contemporaine (XVIe – XXe siècles).

 

iTim Whitmarsh, « Written on the body : ekphrasis, perception and deception in Heliodorus’ “Aethiopica” », Ramus, vol. 31 / 1, 2002, p. 111 125. Works of art in ancient Greek novels, éd. Nicolò D’Alconzo, [S. l.], [s. n.], 2015, 318 p. p.. Nicolò D’Alconzo, « Concepts and conceptions : reading Aithiopika 10, 14, 7 », in Ian D. Repath, Fritz Gregor Herrmann, (éds.). Some organic readings in narrative, ancient and modern: gathered and originally presented as a book for John, vol. 27, éds. Ian D. Repath et Fritz Gregor Herrmann, Groningen, Groningen University Library, 2019, (« Ancient Narrative. Supplementum »), p. 211 232.

iiMassimo Fusillo, Naissance du roman, Paris, Éditions du Seuil, 1991.

iiiJohn R. Morgan, « History, romance, and realism in the Aithiopika of Heliodoros », Classical antiquity, vol. 1, 1982, p. 221 265. Élodie Romieux-Brun, Clio dans les romans grecs : l’Histoire chez Chariton et Héliodore, Thèse de doctorat, Université Paris-Sorbonne, 2014. Michel Briand, « « Poiesis » et « historia »: les romans (sophistiques) grecs comme trans fictions », in Michèle Biraud, Michel Briand, (éds.). Roman grec et poésie: dialogue des genres et nouveaux enjeux du poétique : actes du colloque international, Nice, 21-22 mars 2013, vol. 22, éds. Michèle Biraud et Michel Briand, Lyon, MOM Éd., 2017, (« Collection de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée. Série Littéraire et Philosophique »), p. 347 359.

ivDanielle Karin Van Mal-Maeder, La fiction des déclamations, Leyde, Brill, 2007, (« Mnemosyne. Supplementum ; 290 »). Modern Literary Theory and the Ancient Novel : Poetics and Rhetoric, éds. Marilia P. Futre Pinheiro, Stephen A. Nimis et Massimo Fusillo, Groningen, Barkhuis : Groningen university library, 2022, (« Ancient Narrative Supplementum », 30).

vMichèle Biraud et Michel Briand, Roman grec et poésie: Dialogues des genres et nouveaux enjeux du poétique, MOM Éditions, 2017, (« Série littéraire et philosophique »). Daniel Jolowicz, « Latin poetry in the ancient Greek novels », Oxford, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, Oxford University Press, 2021, xiii+401 p.

viLaurence Plazenet, « L’ébahissement et la délectation: réception comparée et poétiques du roman grec en France et en Angleterre aux XVIe et XVIIe siècles », Paris, France, H. Champion, 1997, 899 p.. Héliodore, L’Histoire æthiopique, Paris, Classiques Garnier, 2008, 876 p., (« Textes de la Renaissance », 136). Les romans grecs et latins et leurs réécritures modernes: études sur la réception de l’Ancien roman, du Moyen Âge à la fin du XIXe siècle, éd. Bernard Pouderon, Paris, France, Beauchesne, 2015, 296 p.

viiShadi Bartsch, Decoding the ancient novel : the reader and the role of description in Heliodorus and Achilles Tatius, Princeton, Princeton University Press, 1989. Alain Billault, « L’inspiration des ἐκφράσεις d’œuvres d’art chez les romanciers grecs », Rhetorica, vol. 8, 1990, p. 153 160. Martin Antonius Menze, Heliodors « klassische » Ekphrase : die literarische Visualität der « Aithiopika » im Vergleich mit ihren Vorläufern bei Homer und Herodot sowie ihrer Rezeption bei Miguel de Cervantes, Münster, Aschendorff, 2016, X-360 p. p., (« Orbis Antiquus », 51). Anna Lefteratou, « The visual trademark of the Greek novel : novelistic opening « ekphraseis » in Chariton and Heliodorus », L’Antiquité Classique, vol. 87, 2018, p. 77 107.

viiiJosé-Antonio Fernández-Delgado et Francisca Pordomingo, « Musical Ekphrasis and Diegema in Longus’ Daphnis and Chloe », Greek, Roman, and Byzantine Studies, vol. 56 / 4, septembre 2016, p. 696 708. Karin Schlapbach, The anatomy of dance discourse : literary and philosophical approaches to dance in the later Graeco-Roman world, Oxford, Oxford University Pr., 2018, X-339 p. index p.

ixGabriele Quaranta, L’art du roman: peintures à sujet littéraire en France au XVIIe siècle (du règne de Henri IV à la régence d’Anne d’Autriche), 2013. Gabriele Quaranta, « Tra passione romanzesca ed evocazione regale: note sulla fortuna figurativa delle Etiopiche di Eliodoro nella Francia del Seicento », in Christian Rivoletti, Stefan Seeber, (éds.). Heliodorus redivivus. Vernetzung und interkultureller Kontext in der europäischen « Aithiopika »-Rezeption der Frühen Neuzeit, éds. Christian Rivoletti et Stefan Seeber, Stuttgart, Franz Steiner, 2018, p. 111 124.

xHéliodore d’Emèse, Les Amours de Théagène et Chariclée, histoire éthiopique d’Héliodore , traduction nouvelle [par de Montlyard.], trad. Jean Montlyard, Paris, S. Thiboust, 1623. Sylvie Forestier, Marc Chagall: Daphnis et Chloé gouaches, Paris, Ed. Langlaude, 2011.

xiMaurice Ravel et Michel Fokine, « Daphnis et Chloé (ballet) », 1912.

 

Programme

 

9h Claire Vieilleville / Cécile Rochelois, responsable de l’équipe « Arts et savoirs »

Propos introductifs

9h15 Nicoló d’Alconzo

Visual and written fictions : Venus-statues and Callirhoe

9h55 Etienne Pittoni

La passion de Mélité pour Clitophon : un exemple d’iconophagie ? (Leucippé et Clitophon, livre 5)

10h30 Pause

10h45 Christophe Cusset

L’art de la musique dans le roman de Longus

11h25 Olivier Demerre

Un beau roman. L’ecphrasis du tableau chez Longus et la catégorie stylistique de la beauté (kallos).

 

12h Déjeuner

 

14h Paula Almeides-Mendes

La réception du roman Daphnis et Chloé dans la littérature et le cinéma ibériques

14h40 Michel Briand

Daphnis et Chloé, entre Longus et Gallotta : roman cinétique et danses ekphrastiques

15h20 Pause

15h40 Romain Brethes

Roman grec et 9e Art : répondre par le dessin à l’écriture

16h20 Conclusions

16h30 Fin de la journée d’études