Colloque Littérature et pensée scolastique en France (XIII et XV siècles)
Du 18 nov. au 20 nov. 2021
organisé par Sorbonne Université, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, et l’Université Paul-Valéry sous le haut patronage de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
avec le soutien de l’équipe Étude et édition de textes médiévaux (Sorbonne Université), du laboratoire ALTER (UPPA) et du Centre d’Études médiévales de Montpellier (Université Paul-Valéry)
L’avènement de la pensée scolastique va de pair avec le développement des universités et des studia ouverts par les ordres mendiants. Il marque une évolution, voire une rupture, par rapport aux modes de pensée antérieurs, notamment augustiniens, pour atteindre son apogée au xiiie siècle, avec d’amples œuvres pétries d’aristotélisme. Cherchant à concilier foi et raison, à fonder la foi sur l’exercice de la raison (fides quaerens intellectum), la scolastique renouvelle les processus intellectuels en accordant une importance prépondérante à la dialectique (Sic et non d’Abélard) et à l’exercice de la logique, dans l’espoir de « clarifier les dogmes » (Thomas d’Aquin). Elle se caractérise par une formalisation nouvelle et contraignante des exercices scolaires (conduite de la dialectique, disputatio quodlibétique), ainsi que par de nouveaux systèmes de classification, de présentation, de hiérarchisation ou de division, nourris de logica nova.
Dès leur naissance, ces pratiques intellectuelles nouvelles se heurtent à l’hostilité de théologiens conservateurs tels que Bernard de Clairvaux (condemnation des enseignements d’Abélard au Synode provincial de Sens en 1140) ou sont tournées en dérision dans la littérature vernaculaire (Henri d’Andeli, Bataille des sept arts). Simultanément, illustrant le phénomène qu’E. Panofsky a nommé la « forme formatrice des habitudes », la littérature en langue romane se trouve, pour diverses raisons, investie par ces nouveaux modes de penser et de raisonner, soit qu’elle cherche à divulguer auprès du plus grand nombre des connaissances jusque-là réservées aux clercs, soit qu’elle incorpore à son insu ces nouveaux modèles de pensée. Ce sont les causes, les modalités et les enjeux de tels transferts que ce colloque se propose d’étudier, en mettant au jour les marqueurs et les circuits de diffusion qui attestent de la présence de la pensée scolastique dans certaines œuvres littéraires, que celles-ci s’ouvrent à elle (Le Roman de la Rose en est l’exemple le plus célèbre), la mettent en fiction ou la récusent.