Représentations du corps dans l’art « d’agit-prop » au théâtre et au cinéma

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Représentations du corps dans l’art « d’agit-prop » au théâtre et au cinéma

 

H. Beauchamp (LLA-CREATIS, Toulouse) et S. Dreyer (ALTER, Pau)

Cette journée d’étude souhaite faire un état des lieux des activités artistiques associées à « l’agit-prop », notion employée dans différents contextes historiques, politiques et artistiques. L’agit-prop, née après la révolution bolchévique de 1917, est un terme issu du russe agitatsia-propaganda, qui renvoie d’abord à la mission de communication politique du Département d’agitation et de propagande créé en 1920 par le nouveau régime. Pendant la guerre civile russe, l’art d’agit-prop se déploie principalement sous la forme de performances théâtrales (journaux parlés, procès fictifs, pièces d’agitation). S’organise alors en URSS tout un réseau de théâtres d’agit-prop plus ou moins institutionnels, qui essaiment d’abord en Allemagne dans les années 1920 puis influencent de nombreux groupes de théâtre européens, qu’il s’agisse du théâtre ouvrier en France ou du théâtre de propagande pendant la guerre civile en Espagne[1]. L’agit-prop se déploie également dans le domaine plastique (affiches, tracts, décors des « trains d’agitation ») et cinématographique.

Cela posé, il apparaît vite que l’agit-prop souffre d’une carence de définition hors du cadre strictement politique et théâtral de l’URSS des années vingt. Or, il est employé tout au long du XXème siècle et ses techniques sont utilisées dans des contextes très différents, associés à une urgence ou une actualité politique[2].

L’agit-prop pourrait alors aussi se penser en tant que forme ou que genre artistique, dont les enjeux révolutionnaires et idéologiques se réactualisent à différents moments historiques. Pour envisager les continuités comme les mutations de l’agit-prop depuis le début du XXème siècle, s’interroger sur les représentations du corps est une entrée fructueuse : des corps idéalisés, héroïsés et géométriques des affiches de propagande des années 1920 et 1930, au corps grotesque de ceux qui font l’objet de la satire des farces théâtrales de l’agit-prop, en passant par les corps aliénés au travail du cinéma militant des années 1960-1970, s’interroger sur les métamorphoses du corps dans l’art d’agit-prop permettrait de sortir des définitions et descriptions associées à un genre ou à un autre et d’envisager plus largement la nature des liens entre l’art et l’idéologie dans des contextes où l’art est avant tout politique.

[1]Le Théâtre d’agit-prop de 1917 à 1932. Équipe « Théâtre Moderne » du GR 27 du CNRS, coll. « Théâtre années 20 », Lausanne, La Cité, L’Âge d’Homme, 1977, 4 tomes. Hélène Beauchamp, « Transferts culturels et urgence historique. L'exemple du théâtre guignolesque d'agit-prop en Espagne (1934-1938) », dans Hélène Beauchamp, Anne-Cécile Druet et Axelle Guillausseau (dir.), Transferts culturels, dossier de la revue Mélanges de la Casa de Velázquez, Nouvelle série, n38, 2, 2008, p. 59-79.

[2] Par exemple l’exposition Agitprop ! de 2015 au Museum of Brooklyn, qui mêle artistes contemporaines et documents sur l’agit-prop historique. http://digicult.it/hacktivism/agitprop-politically-engaged-art

 

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