A la découverte du sens : histoire orale, pouvoir et émotions

CONTACTS LABORATOIRE

Directrice : Hélène LAPLACE-CLAVERIE

helene.laplace-claverie @ univ-pau.fr   

 

Directrice adjointe : Emilie GUYARD

emilie.guyard @ univ-pau.fr

 

Secrétariat : 05.59.40.73.76

Muriel Guyonneau

 

Ingénieur d'études : 05.40.17.52.88

Anne-Claire Cauhapé (ac.cauhape @ univ-pau.fr)

             

Appui à la Politique de Recherche : 05.59.40.72.36

Marie-Manuelle Marcos (marie-manuelle.marcos @ univ-pau.fr)

 

 

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Laboratoire de recherche ALTER
Arts/Langages : Transitions & Relations - UR 7504
Collège Sciences Sociales et Humanités
Université de Pau et des Pays de l'Adour
Avenue du Doyen Poplawski
BP 1160
64013 Pau Cedex

Colloque international "A la découverte du sens : histoire orale, pouvoir et émotions"Amphithéâtre de la Présidence - UPPA

Inscription au colloque  À la découverte du sens : histoire orale, pouvoir et émotions

Date limite d'inscription le 27 mars 2022

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L’histoire des émotions constitue une des avancées les plus significatives dans le domaine de l’histoire au cours des dernières décennies, comme en témoigne le nombre croissant d’articles et d’ouvrages dédiés à ce sujet. Lors de ce “tournant émotionnel” (Boddice, 2018 : 72), les historiens ont démontré que les émotions changent en fonction des périodes, pour devenir un sujet d’étude à proprement parler. De plus, la place centrale qu’elles occupent dans l’expérience humaine leur confère un statut important au sein de l’analyse historique : “les émotions humaines ne sont ni hors du temps, ni universelles, elles sont a contrario assujetties aux circonstances historiques et culturelles” (Thomson, 2019 : 1). Elles sont parfois suscitées par un fait historique, mais elles peuvent également en être à l’origine. De plus, Boddice avance l’argument selon lequel l’analyse des émotions permet “de réhabiliter ce qui n’a pas été formulé dans les récits historiques traditionnels : le geste, l’affectif et l’expérientiel” (Boddice, 2019 : 10). Il suggère même d’y référer par des dénominations variées telles que “les sentiments” et “l’expérience affective” afin de laisser le champ le plus libre possible à l’expression et à l’interprétation des émotions (14).

De surcroît, les spécialistes en histoire orale se sont intéressés aux sentiments bien avant le tournant pris par la discipline. Ils ont non seulement pris en compte les événements relatés par les personnes interrogées, mais ils se sont aussi focalisés sur “la signification et les sentiments” entourant les faits. Le pionnier de cette approche, Alessandro Portelli, soulignait en 1981 que la contribution essentielle de l’histoire orale à l’histoire résidait dans la subjectivité des témoignages. Celle-ci permet en effet d’étudier les modalités selon lesquelles la personne interrogée donne sens à son expérience personnelle. Cette construction du sens apporte à son tour une indication quant à la construction collective du sens (Portelli, 1981 : 96-107). Ainsi, l’objectif premier de ce colloque consiste à s’interroger sur la pertinence de la « découverte du sens », et sur les possibilités offertes par cette approche lors de l’analyse des entretiens menés en histoire orale dans les Amériques, au Royaume-Uni et en Irlande, mais aussi dans une perspective géographique et culturelle large.

Le récit est essentiel à l’interprétation de ces significations, qui ne peuvent pas être révélées par d’autres sources. L’intrigue, le choix de l’organisation du récit, les changements de rythme dans la narration, par exemple lorsque seuls quelques mots épars sont mobilisés pour raconter une expérience longue dans le temps, ou e procédé inverse, sont autant d’éléments qui peuvent donner à connaître la subjectivité de l’expérience. Le chercheur peut aussi observer le langage, en particulier celui utilisé pour exprimer des sentiments et des émotions, et s’affranchir ainsi des contraintes issues des interprétations culturelles internalisées, qui façonnent la mémoire (Anderson and Jack, 1991 : 11-26). Les sentiments et les émotions peuvent donner une signification aux actions de chacun et aux événements. C’est le cas par exemple lorsque certaines émotions sont passées sous silence, le narrateur estimant qu’elles ne cadrent pas avec le récit collectif dominant qui est fait d’un événement.

Ce colloque a pour ambition de donner un rôle central au champ de l’histoire orale dans l’étude des émotions, mais aussi de favoriser l’analyse de l’expérience affective dans l’histoire et l’histoire orale. En réalité, l’histoire orale offre la possibilité exceptionnelle de pouvoir analyser la façon dont l’orateur se remémore son expérience historique et, par extension, les liens entre la mémoire individuelle et collective. « Le souvenir individuel est influencé par les récits culturels du passé » (Thomson, 2019 : 2) et les émotions jouent un rôle clé dans ce processus, dans la mesure où elles sont « impactées par les relations sociales et par les attentes culturelles » (2). Dans un article fondateur publié en 2003, Joanna Bourke s’est intéressée à la peur et à l’anxiété (Bourke, 2003: 111-133). Elle démontre que les humains parlent des émotions tout en cherchant à se conformer à des structures narratives préétablies. Elle met en lumière la nature dialogique de la relation entre l’émotion personnelle et l’environnement émotionnel collectif dans lequel évolue la personne. Cette analyse ouvre des perspectives de recherche prometteuses sur les changements opérés dans les récits des émotions et les façons dont ces changements peuvent à leur tour impacter l’expérience subjective de l’individu.

À propos de l’étude des émotions, les organisatrices souhaitent également se pencher sur la question de la relation au pouvoir qui, malgré sa complexité, n’a pas été entièrement problématisée. Bourke écrit que : « les émotions telles que la peur appartiennent non seulement à l’individu mais aussi au groupe social : elles agissent comme un médiateur entre l’individu et le social. Elles concernent les relations de pouvoir » (Bourke, 2003 : 124). La peur et, de façon plus générale, les émotions, sont le produit d’une société et de « relations de pouvoir » spécifiques, mais elles contribuent également à les transformer, comme l’indique l’histoire du statut mouvant des femmes ou des minorités dans la société. À ce sujet, les expériences affectives changent-elles en fonction du genre et/ou de l’identité des personnes, comme le suggère Boddice (2018 : 100-122) ?

Il est également possible d’avancer l’argument selon lequel les émotions permettent d’accroître les capacités d’action et d’émancipation, ce que les anglophones désignent par le terme empowerment. Par exemple, dans le contexte des guerres et des conflits, les témoignages oraux indiquent de fortes corrélations entre l’expérience affective et le fait de devenir sujet agent. Les organisatrices souhaitent également déterminer si l’histoire orale en tant que méthodologie permet effectivement d’accroître ces capacités d’action et d’émancipation en octroyant le rôle de sujet agent aux participants qui ont pu se trouver exclus des processus de recherche historique plus traditionnels. Paradoxalement, les émotions peuvent aussi révéler des situations de domination et de subordination, et ainsi l’impuissance d’une personne.

D’un point de vue méthodologique, comment l’analyse historique pourrait-elle valoriser les récits exprimant des sentiments et des émotions ? Alistair Thomson donne des indications à ce sujet dans son récent travail sur les émotions et l’histoire orale (Thomson, 2019 : 1-11). L’écoute du témoignage peut améliorer notre compréhension des émotions et de leur signification historique et culturelle. Il est possible de trouver la signification des émotions en écoutant la bande son d’un entretien ou en regardant son enregistrement vidéo. La transcription du texte peut s’avérer insuffisante. Les histoires sont véhiculées par des mots et par la voix également. Le son de la narration véhicule du sens autant que les choix lexicaux de l’orateur. Ce dernier peut insister en augmentant l’intensité de sa voix, ou en ajoutant des pauses à sa convenance ; l’excitation et l’émotion peuvent transparaître à travers un changement dans le rythme du discours, alors qu’un ralentissement peut signifier que l’expérience vécue était difficile. Les silences sont un champ d’étude fécond en histoire orale car ils peuvent être un indicateur de souffrance, d’embarras ou de honte, mais ils peuvent également intervenir lorsque l’orateur tente de se remémorer quelque chose. Thomson précise que « la voix peut exprimer la chaleur et le plaisir, la colère et la déception, le sarcasme ou la désapprobation » (4), comment pourrait-on alors interpréter la signification du rire, des sanglots ou des larmes ?

Enfin, les organisatrices de ce colloque s’intéressent à la fois aux entretiens menés et étudiés par un même chercheur, mais aussi à « l’analyse secondaire », consistant à étudier des entretiens pré-enregistrés qui ont été déposés par un tiers dans des archives sonores, ou qui sont sur le point de l’être. Cette pratique de la réutilisation d’anciens entretiens peut être controversée, parfois même reprouvée, en raison du fait qu’en histoire orale l’entretien ne peut pas être considéré comme une banque de données permettant d’accéder à des sources empiriques neutres qui peuvent être exploitées par toute personne à tout moment.

Cette attitude du chercheur a été qualifiée de « réalisme naïf » en raison de l’argument suivant : les données issues de l’entretien sont « élaborées socialement » et ne sont pas, aux dires de Joanna Bornat, « de simples faits affranchis de présuppositions théoriques » (Bornat, 2010 : 43-52). Néanmoins, en s’inspirant du propos de Bornat qui se positionne en réalité en faveur de la pratique de la réutilisation d’entretiens menés par un tiers, les organisatrices souhaitent explorer les possibilités pour la recherche historique que représente l’exploitation des centaines d’heures d’entretiens enregistrés et conservés dans les archives sonores, archives dont une partie est accessible en ligne. L’ambition est d’arriver à identifier le cadre scientifique au sein duquel cette méthode de recherche pourrait devenir une (res)source intéressante et ouvrir, in fine, de nouveaux champs de recherche.

 

À titre indicatif, les participants pourront aborder les thèmes suivants :

  • Les relations entre les émotions, l’histoire et l’histoire orale :

L’émotion en tant que construct culturel, social, politique et/ou historique

Le rôle de l’émotion dans la construction de la mémoire, la notion de « composition de la mémoire »

Le sens et le sentiment dans l’expérience humaine

L’émotion et l’expérience historique

  • L’historicisation des émotions
  • L’émotion et la causalité
  • L’émotion, l’empowerment et le militantisme ; l’émotion et les relations de pouvoir (domination, subordination)
  • L’émotion dans les situations de guerre et de conflit
  • L’émotion et le genre
  • L’émotion et les questions raciales et ethniques

 

Nous nous intéresserons également aux thématiques liées à la méthodologie, par exemple :

  • L’utilisation d’entretiens effectués par le passé ou par un tiers : quels avantages et quels inconvénients ? L’analyse secondaire et ses approches méthodologiques
  • Les méthodes permettant de rechercher et d’interpréter les émotions ; comment interpréter le silence, ce qui n’est pas formulé par la parole

 

Ce colloque interdisciplinaire s’adresse à des spécialistes en Histoire, Histoire orale, Géographie, Civilisation, Sciences sociales, Sciences politiques, Droit et Justice transitionnelle. Le champ géographique est large ; il inclut les Amériques, le Royaume-Uni et l’Irlande, mais ne s’y limite pas. Les propositions adoptant une approche comparative et interdisciplinaire seront appréciées.

La période historique des XXe et XXIe siècles sera privilégiée. Les langues de communication de ce colloque international seront le français et l’anglais. 

Le colloque se tiendra à l’Université de Pau, sous format hybride selon l’évolution de la situation sanitaire.

Les organisatrices : Joana Etchart et Simona Tobia (Université de Pau et des Pays de l’Adour, Laboratoire ALTER)

 

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Les conférenciers invités :

Anna Bryson (Queen’s University Belfast, UK)

Lindsey Dodd (University of Huddersfield, UK)

Alistair Thomson (Monash University, Melbourne, AUS)

 

Le comité scientifique :

Anna Bryson (Queen’s University Belfast, UK)

Françoise Buisson (Université de Pau et des Pays de l’Adour, FR)

Lindsey Dodd (University of Huddersfield, UK)

Laurent Dornel (Université de Pau et des Pays de l’Adour, FR)

Florence Descamps (EPHE, FR)

Christophe Gillissen (Université de Caen, FR)

Patricia Heiniger-Casteret (Université de Pau et des Pays de l’Adour, FR)

Franck Miroux (Toulouse Jean Jaurès, FR )

Fabrice Mourlon (Université Sorbonne Nouvelle, FR)

Tracey Simpson (Université de Pau et des Pays de l’Adour, FR)

Anne Stefani (Toulouse Jean Jaurès, FR)

Alistair Thomson (Monash University, Melbourne, AUS)

 

Bibliographie

Anderson, K. and D. Jack “Learning to Listen. Interview techniques and analyses” in Berger Gluck, S. and D. Patai, Women's Words: The Feminist Practice of Oral History, London: Routledge, 1991, pp. 11-26.

Boddice, R. A History of Feelings, London, Reaktion Books, 2019.

Boddice, R., The History of Emotions, Manchester: Manchester University Press, 2018.

Bornat, J. “Remembering and Reworking Emotions. The Reanalysis of Emotions in an Interview”, Oral History, vol. 38, no. 2, 2010, pp. 43–52.

Bourke, J. Fear, a Cultural History, London: Virago, 2005.

Bourke, J., “Fear and Anxiety: Writing About Emotion in Modern History” in History Workshop Journal, n. 55, 2003, pp. 111-133.

Bryson Anna, “Victims, Violence and Voice: Transitional Justice, Oral History and Dealing with the Past”, Hastings International and Comparative Law Review, 39(2), 2016, pp. 299-353.

Boyd, D.A. and Larson, M.A. (eds), Oral History and Digital Humanities: Voice, Access and Engagement, New York: Palgrave Macmillan, 2014.

Charlton, T.L., Myers, L.E., and Sharpless, R., History of oral history: foundations and methodology. Rowman & Littlefield, Lanham, 2007.

Clegg, S.K. and M. Haugaard (eds), Power, London: Sage, 2009.

Cosslett, T., Lurie C,. and Summerfield, P.(eds), Feminism and Autobiography: Texts, Theories, Methods, London: Routledge, 2000.

Cubitt, G.  History and Memory. Manchester University Press, Manchester, 2007.

Descamps, F. Archiver la mémoire. De l’histoire orale au patrimoine immatériel, Paris: Éditions de l’EHESS, 2019

Dixon, T. From Passions to Emotions: The Creation of a Secular Psychological Category. Cambridge: Cambridge University Press, 2003.

Frevert, U. Emotions in History: Lost and Found. Budapest: Central European University Press. Frevert, U. et al., Emotional Lexicons. Continuity and Change in the Vocabulary of Feeling 1700-2000, Oxford: Oxford University Press, 2014.

Frisch, M.  A Shared Authority: Essays on the Craft and Meaning of Oral and Public History, State University of New York Press, Albany, 1990.

Gray, D. E.  Doing Research in the Real World. Sage Publications, London, 2004.

Griffith, K. and O’Grady, T.  Ireland’s Unfinished Revolution: An Oral History. Roberts Rinehart, 1999.

Gross, D.M. The Secret History of Emotion: From Aristotle’s Rhetoric to Modern Brain Science. Chicago: University of Chicago Press, 2006.

Hamilton, P. and Shopes, L. eds), Oral History and Public Memories, Philadelphia, PA: Temple University Press, 2008.

Passerini, L. Fascism and Popular Memory. Cambridge University Press, Cambridge, 1987.

Plamper, J.  History of Emotions, an Introduction, Oxford : Oxford University Press, 2017

Pollock, D. (ed.), Remembering: Oral History Performance, New York: Palgrave Macmillan, 2005. Portelli, A. The Order Has Been Carried Out, History, Memory, and Meaning of a Nazi Massacre in Rome, New York: Palgrave Macmillan, 2003.

Portelli, A., “What Makes Oral History Different” in History Workshop Journal, n. 12, 1981, pp.96-107.

Portelli, Alessandro, The Battle of Valle Giulia: Oral History and the Art of Dialogue. University of Wisconsin Press, Wisconsin, 1997.

Puri, A. and Thomson, A. Australian Lives. An Intimate History, Clayton: Monash University Publishing, 2017.

Radstone, S. and Schwarz, B. Memory Fordham University Press, 2010.

Ritchie, D.A. (ed.), The Oxford Handbook of Oral History, Oxford and New York: Oxford University Press, 2011.

Thompson, P. The Voice of the Past. Oral History, Oxford: Oxford University Press, 2000.

Thomson, A. Anzac Memories: Living With the Legend, Clayton: Monash University Publishing, 2013.

Thomson, A., “Indexing Emotion: Joy and Shame in Oral History”, in Oral History Australia Journal, No. 41, 2019, pp. 1-11

 

ENGLISH VERSION

The history of emotions is one of the most notable progressions in the field of history in the last few decades, and in recent years an astonishing number of articles and books has focused specifically on emotions in history. With this “emotional turn” (Boddice, 2018: 72), historians have determined that emotions change over time, and are thus a subject deserving of historical inquiry. Perhaps more importantly, emotions are at the center of human experience and therefore at the center of our history: “human emotions are neither timeless nor universal, but rather shaped by historical and cultural circumstances” (Thomson, 2019: 1). Emotions are both the effect and active cause of historical events. In addition, as argued by Boddice, focusing on emotions enables “to rehabilitate the unsaid – the gestural, affective and experiential – of traditional historical narratives” (Boddice, 2019: 10). He even proposes to refer to various labels – such as “feelings” and “affective experiences” – so as to open possibilities for the expression and interpretation of emotions (14).

Feelings have also been the focus of oral historians for many decades before this historical turn towards emotions. The key findings of oral historians are not so much the events that narrators recall, but the “meanings and feelings” relating to those events, in line with Alessandro Portelli's argument that it is the subjectivity of oral history interviews that constitutes an invaluable contribution to the field, as it allows the researcher to analyze how the interviewee gives meaning to personal experience; this, in turn, is indicative of the collective construction of meaning (Portelli, 1981: 96-107). Accordingly, the primary aim of this conference is to explore the relevance and possibilities of finding meaning in oral history interviews. The conference organizers wish to explore oral history's potential to record, interpret and make sense of emotions in historical experiences in the Americas, the United Kingdom and Ireland, but also across global geographical and cultural areas. The narrative element becomes key to the understanding of these meanings, which cannot be revealed by any other type of source. The plot, the way narrators choose to organize their story, and shifts in the pace of the narration, as, for example, when only a few words are devoted to talking about experiences which lasted a long time, or the exact opposite, can unveil the subjectivity of human experience. Paying careful attention to language, particularly language used to express feelings and emotions can also help researchers to go beyond the constraints of internalized cultural boundaries, which shape memory (Anderson and Jack, 1991: 11-26). Feelings and emotions can give meaning to activities and events, as for example when certain emotions are silenced because they do not sit nicely with the prevailing collective narrative of a certain event.

The purpose of this conference is to re-center the role of oral history in the history of emotions on the one hand, as well as the role of emotions in history and oral history on the other. Indeed, oral history offers the unique possibility to study the way in which experiences are remembered as well as the relationship between individual and collective memory. “Individual remembering is affected by cultural narratives about the past” (Thomson, 2019: 2) and emotions are essential in this process because they are “impacted by social relations and cultural expectations” (Thomson, 2019: 2). Joanna Bourke focused on fear and anxiety in an article published in 2003 (Bourke, 2003: 111-133), in which she argued that humans narrate their emotions by conforming to certain narrative structures. Bourke shed light on the dialogical nature of the link between the personal emotion and the collective emotional environment of a society. This paves the way for further studies on the shifts in the way people narrate certain emotions and the subsequent ways in which these shifts may also alter their subjective experience.

The other facet of the study of emotions that the conference organizers wish to explore is its relationship with power which, despite its complexity, has yet to be fully problematized. Bourke writes: “emotions such as fear do not only belong to individuals or social groups: they mediate between the individual and the social. They are about power relations” (Bourke, 2003: 124). Fear – and emotions more generally – are the product of a society and of given “power relations”, but they may also contribute to reforming them, as shown by the history of the evolving status of women or minorities in society. More precisely, are emotions experienced differently because of one’s gender and/or one’s identity, as suggested by Boddice (2018: 100-122)?

It may also be argued that emotions can be empowering: in the context of war and conflict for example, oral testimonies indicate strong interrelations between affective experiences and agency. The organizers of the conference also wish to assess the extent to which oral history as a methodology is empowering when it gives agency to participants who have traditionally been excluded from more classic approaches to historical research. Paradoxically, emotions may also be indicative of situations of domination and subordination, and of a person’s powerlessness.

From a methodological perspective, how could historical analysis enhance the narratives which include expressions of feelings and emotions? Alistair Thomson offers some insight into this in his most recent work on emotions in oral history (Thomson, 2019: 1-11). The sound of personal testimony can further our understanding of the emotions and their historical and cultural meanings. Speakers can add emphasis by increasing volume, or adding well-timed pauses; excitement and emotion can be shown by a change in the speed of the speech, whereas slowing down might express difficult moments. Silences are widely studied by oral historians, as they often mean painful moments, a struggle with the narrator's own memory, or even embarrassment or shame. Thomson writes: “the voice can suggest warmth and pleasure, anger and disappointment, sarcasm or disapproval” (4), and how would one interpret the meanings of laughter, sobs or tears?

Furthermore, the organizers propose to include both the interviewing process and analysis carried out by the same researcher as well as the so-called “secondary analysis”, or the analysis of pre-recorded interviews which have been (or are about to be) deposited in sound archives around the world by someone else. This practice of reusing past interviews is somewhat controversial and frowned upon on the basis that an oral history interview is not a “data-bank”, offering empirically neutral material that anyone at any moment in time can draw upon. This attitude has been referred to as the “naive realism” of the researcher, with the argument that interview data are “socially constructed”, and are not “simply facts that are free of theoretical presuppositions” (Bornat, 2010: 43-52). Yet, following Joanna Bornat’s argument in favor of the practice of revisiting past interviews, the organizers of the conference would also like to explore the possibilities for historical research offered by the exploitation of the many hundreds of hours of recorded interviews held in sound archives, some of which are even available on line. The underlying ambition will be to identify a scientific framework in which such a research method could become an interesting (re)source and could eventually open up new research prospects.

 

The themes to be investigated include (but are not limited to) the following:

  • The relations between emotions, history and oral history

Emotions as cultural, social, political and/or historical constructs

The role of emotions in the construction of memory; “memory composure”

The meanings and feelings of human experience

Emotions and historical experience

  • Historicizing emotions
  • Emotions and causation
  • Emotions, empowerment and activism; emotions and power relations (domination, subordination)
  • Emotions in the context of war and conflict
  • Emotions and gender
  • Emotions, racial and ethnic issues

 

Proposals seeking to explore methodological issues will be welcome, such as:

  • The advantages and drawbacks of reusing past interviews / interviews conducted by someone else; Methodological approaches to secondary analysis
  • Methods for finding and interpreting emotions; Interpreting silence / what is not said

The organizers will welcome proposals from specialists in History, Oral History, Geography, Civilisation Studies, Social Sciences, Political Sciences, Law and Transitional Justice. The geographical scope will include – but will not be limited to – the Americas, the United Kingdom and Ireland, and proposals taking a comparative and interdisciplinary approach will be particularly welcome. The proposals should preferably focus on the 20th and 21st centuries.

This international, cross-disciplinary conference will be held in English and French.

Please send a 300-word abstract in English or in French to Joana Etchart and Simona Tobia :joana.etchart@univ-pau.fr  (joana.etchart @ univ-pau.fr)and stobia@univ-pau.fr (stobia @ univ-pau.fr%20b) .The new submission deadline is 15 October, 2021, and acceptance of proposals will be communicated in November 2021.

 

The conference will be held at the University of Pau, as a hybrid event depending on the evolution of the current pandemic

 

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